Les maisons troglodytiques de Belvès

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Le village de Belvès présente l’originalité d’avoir des maisons troglodytiques situées en-dessous de la place de la halle. Elles ne se voient pas de l’extérieur, elles sont sous mes pieds. Je récupère mon billet à l’Office du Tourisme et j’attends mon heure de visite. Une réduction est offerte si on souhaite visiter la filature un peu plus loin !

Le point de rendez-vous est situé sous la halle et la visite dure entre 50 et 60 minutes. Mon guide arrive et elle débute par un bref historique du village. Belvès était un village fortifié, avec ses remparts et ses fossés. Les maisons troglodytiques sont, à la base, des grands fossés situés devant l’entrée du castrum jusqu’à la halle avec une profondeur allant de 5 à 6 mètres. Ce sont les mendiants de la ville, les personnes les plus démunies qui vivaient à l’intérieur. Ils étaient chassés en temps de guerre car les fossés étaient réquisitionnés. Ils servent ensuite de déchetterie pour le village puis ils sont comblés pour des raisons d’hygiène au XVIIIème siècle. J’essaye pour l’instant d’imaginer l’ensemble des données qu’elle vient de me transmettre ! Cela semble impressionnant !

Les fossés sont, au fur et à mesure, oubliés, chassés des esprits mais la chute d’une charrette amène une expertise archéologique qui met au jour une vingtaine d’habitations. Seulement huit sont visitables !

Le contexte expliqué, je me dirige vers la porte d’entrée des maisons. Les photos sont autorisées mais il est impossible d’amener les chiens et les poussettes ! Je vous conseille également de prendre une petite laine ou une écharpe. Même s’il fait 30° dehors, en bas il fait assez froid et je sens dès le début le changement de température !

J’arrive devant une vitrine qui expose tous les objets retrouvés lors des fouilles (tessons, pots, poteries, os d’animaux, fer, des bouteilles). Le guide m’explique quelques conditions de vie de ces pauvres gens. Elle me montre une illustration qui me permet de visualiser comment étaient organisée la ville : je vois le porche coudé, la tour de l’archevêque ainsi que le beffroi et tout devant les immenses fossés ! En effet, cela a bien changé !

La porte que je franchis ensuite est une restitution. La fermeture est faite avec un contrepoids (une pierre), c’est surprenant ! Le tunnel que j’emprunte pour aller dans la deuxième salle possède un plafond en pierres sèches très jolies. Les parois des habitations sont surtout naturelles, c’est la roche calcaire qui a été travaillée, je vois les traces d’agrandissement un peu partout. Il y a des planches et des pots reconstitués à partir d’éléments retrouvés et un tour « manuel » pour réaliser les poteries ! L’éclairage est mince sans doute pour me mettre dans les conditions des gens de l’époque ! Les pièces sont assez petites, un peu trop de monde durant la visite est quelque peu problématique pour voir certains objets ou apprécier une pièce. J’ai trouvé qu’on ne restait pas assez longtemps dans une salle pour voir en détail tous les objets exposés !

L’autre pièce est constituée de la paroi naturelle en calcaire et d’un mur rajouté en pierre. Un araire est exposé et le guide m’explique le travail de la terre par les paysans de la seigneurie. Les espaces deviennent de plus en plus larges et de plus en plus garnis. Je comprends donc que je retrace la chronologie du développement et de l’aménagement de l’espace. Je remarque quelques traces de foyers au sol et au plafond ainsi que l’évolution de la cheminée : d’abord un trou dans une paroi avec une hotte en torchis puis des cheminées en pierres.

L’habitation suivante possède plusieurs mezzanines en bois, un évier, des tables et un cantou ! Les ustensiles sont posés çà et là et un pressoir attire mon attention. Il servait à fabriquer l’huile de noix, travail souvent effectué par les enfants ! Seul le socle est d’origine, cela est exceptionnel ! Plus loin, une gouttière en bois est aménagée (ingénieux) et une table à trois pieds. Oui, trois pieds c’est original mais j’apprends c’est le seul moyen pour avoir une table équilibrée sur un sol inégal ! Derrière moi, la chatière. Les chats sont utiles pour chasser les souris et aussi servir de casse-croûte en cas de famine !

La dernière évolution que je constate est dans la dernière pièce : un espace pour les cochons est aménagé ! Les hommes et les bêtes ne dorment plus ensemble dorénavant ! Une partie de l’enclos ressemble à une borie effondrée ! Malgré l’apparence assez simple et rustique de ces habitations, ces dernières possèdent un certain charme ! Je sens qu’il y a eu de la vie ici et le quotidien ne devait pas être simple ! A ce moment précis, j’apprends qu’au-dessus de ma tête se trouve la halle. L’enclos à cochon est donc situé là où j’ai commencé ma visite mais à 5 mètres en-dessous !! Je commence à me repérer ça y est !

Ma visite se termine. En ressortant, je vois la place de la halle totalement différemment, comme si mes yeux étaient dotés, dorénavant, d’un calque. Je vois à travers le béton et je positionne chaque habitation à leur place !

Les maisons troglodytiques font parties de l’histoire de Belvès, elles sont originales, c’est pourquoi la visite est intéressante ! C’est un moment agréable (et frais) ouvert tant aux enfants qu’aux parents ! Cette visite change de toutes les autres. Le Moyen Age est souvent raconté à travers les seigneurs et leurs châteaux, leurs fortunes et leurs territoires. Ici, j’ai appris comment vivaient les pauvres gens au Moyen Age et j’ai trouvé cette tournure très intéressante !