Le Fort de la Roque Gageac : visite d’un refuge vertigineux

Levez les yeux, au-dessus de la Dordogne, par-delà les superbes habitations blotties contre la falaise, pour admirer le Fort Troglodytique de la Roque Gageac. Perché à 120m de hauteur, il date du XIIème siècle et son panorama à 180 degrés est directement lié aux raisons de son implantation : c’est pour assurer la protection de cette partie de la Vallée de la Dordogne, verrouiller la circulation fluviale et voir l’assaillant arriver de loin, que ce système défensif imprenable a été imaginé. Après plusieurs années de fermeture pour consolider et sécuriser ce fabuleux héritage, venez visiter le Fort de la Roque Gageac, pour en savoir plus sur son Histoire et profiter d’une vue à couper le souffle !

Photos de l'article © Guide du Périgord

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Un abri-sous-roche placé à un endroit stratégique…

Le Fort Troglodytique de la Roque Gageac fut bâti dans une anfractuosité de la falaise calcaire. Imaginez qu’à cet endroit, au crétacé supérieur (il y a quelques 80 millions d’années…), les sédiments marins successifs ont donné naissance avec la pression à ce calcaire jaune, caractéristique du Périgord Noir. La mer s’étant retirée, la falaise à nu a subi les intempéries, elle s’est fissurée, l’eau s’est infiltré et avec les changements de température dans cette roche friable, naissent des abris-sous-roche. Les nombreuses petites sources (on en dénombre pas moins de 13 dans le village) forment en ruisselant, des cavités naturelles. L’Humanité a trouvé là un refuge naturel parfait, à proximité de la rivière nourricière et marchande (plus tard…), avec suffisamment de panorama pour voir arriver les ennemis. 

Un fort défensif, pour se réfugier en cas d’attaque

Au XIIème siècle, on a construit ici une véritable forteresse, imprenable ! Le Roc de Viguayral (la falaise) se trouve 40m au dessus des toits des habitations, à l’aplomb de celles-ci et de la rivière. On va utiliser les abris-sous-roche naturellement présents, pour bâtir un impressionnant système défensif. Tout l’arsenal de protection de l’époque est mis en service : un escalier vertigineux en bois, suivi d’une volée de marches creusées dans la roche, qui donnent sur un fossé à traverser avant de passer une première porte (doublée d’un assommoir), un chemin de ronde emprunté par des sentinelles, d’épais murs pourvus d’archères, de meurtrières et de canonnières… Qui osera s’attaquer au Fort ?

Que trouve-t-on autour et dans le Fort ? Un château Seigneurial, avec la maison des chevaliers, tout autour se trouve le  Castrum de Gajaco. Si l’on parle d’un système défensif, c’est parce que l’on ne peut pas dire que le Fort soit une habitation : la vocation première du Fort est de surveiller, pour se prémunir d’attaques et garder un œil sur les alentours, mais aussi pour se réfugier en cas de siège. Il y a la rivière, puis les maisons du village bien alignées et serrées les unes contre les autres, séparées par un dédale de ruelles difficile d’accès… Le Fort placé tout en haut est l’ultime étape où se retrancher si besoin, à l’abri derrière les murailles (rehaussées et complétées par des tours de guetteurs au XVIIème siècle). Car du trouble, il y en a eu en Périgord Noir et pendant les Guerres de Religion, l’Évêque de Sarlat vient se réfugier à la Roque Gageac.  Au XVIIème, le village et son Fort connaissent une belle période de prospérité avec le développement du commerce fluvial. La Dordogne est exportatrice de bois et spécialisée dans la tonnellerie.

   

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S’adapter aux caprices du rocher

Si le visiteur est aujourd’hui en mesure de découvrir les vestiges de ce Fort si particulier, c’est grâce à près de 10 ans de travaux de sécurisation de son architecture. En effet en 1957, un éboulement meurtrier d’un pan de la falaise a détruit 6 maisons et une grange, tuant 3 personnes et empêchant la circulation sur la route en aplomb du village. En 2010, c’est le toit du Fort qui s’est écroulé et un rocher de 320 tonnes menaçait de tomber à son tour : après avoir déplacé les villageois inquiétés, un filet a été posé pour assurer la protection du village et de grands travaux réalisés par des ingénieurs ont été entrepris : pour que la réalité géologique ne soit pas un frein à la découverte de ce joyau troglodytique, 18 colonnes de soutènement consolident la cavité, des instruments de suivi des mouvements de la roche et des capteurs thermiques sont installés sur toute sa longueur.

   

Visiter le Fort Troglodytique de la Roque Gageac

Maintenant que vous en savez plus sur le passé, revenons au présent pour visiter le Fort Troglodytique de la Roque Gageac ! La billetterie se trouve tout en haut du village, après le Manoir de Tarde. C’est la demeure de Jean Tarde qui au début du XVIIème siècle était un chanoine de l’évêché de Sarlat, natif de la Roque Gageac. Il a croisé la route de Galilée, qui lui a transmis sa passion pour l’astronomie (on dit qu’il lui a offert une lunette astrologique, avec laquelle il observait les cieux depuis la terrasse du Fort). C’est aussi l’un des premiers cartographes de la région ayant réalisé une carte, visible sur le site, du diocèse de Sarlat. Vous trouverez une exposition relatant le travail de recherches et d’illustrations de son arrière petit neveu, Gabriel Tarde dans une salle, juste avant la montée vers le Fort.

   

  

Pour accéder à la terrasse supérieure et profiter de la splendide vue à 180 degrés, il faut le mériter. C’est au terme d’une ascension de 140 marches (dont 32 en pierre, gravées dans la roche) que vous atteindrez le chemin de ronde, avec son fossé couvert d’une passerelle en bois. Ne vous inquiétez pas, la montée des marches n’est pas aussi difficile qu’elle peut en avoir l’air depuis en bas. Le pas des marches est souple, elles sont bien faites et il n’y a guère que le vertige qui puisse vous affecter (ne regardez pas en bas). Tout est sécurisé, vous pouvez monter (mais pas les yeux fermés tout de même).

Une fois en haut, vous apprécierez peut-être le ballet gracieux des oiseaux. La Roque Gageac est un village où l’on trouve de nombreux oiseaux et rapaces, grâce à la situation près de la rivière, le microclimat typique du village (vous y verrez de très nombreuses espèces de plantes exotiques) et à ses falaises qui sont un refuge de choix. Vous croiserez des Choucas en nombre, des Milans noirs selon la saison, des Faucons pèlerins qui scrutent l’horizon de leurs yeux perçants, des Hérons cendrés (plutôt près de la Dordogne) et si vous êtes observateur, le Tichodrome échelette avec ses ailes soulignées de rouge.

   

Vous entrez sur un espace dégagé, qui est parsemé de colonnes grises, ornées d’illustrations de grandes figures du passé, qui ont peuplé le village au fil du temps... Ces piliers en béton sont volontairement d’architecture moderne, car ils ont la fonction essentielle de soutenir l’ensemble du site, mais aussi pour trancher de style et mettre en valeur la roche qui les abrite.

Promenez-vous dans cet abri-sous-roche, lisez les informations sur les colonnes pour en savoir plus sur l’environnement, l’Histoire, la faune la flore… Au fond de l’abri se trouve une longue vue, qui fait écho à la lunette astronomique de Jean Tarde. À l’aide de la table d’orientation, vous pouvez vous aussi comprendre le paysage et avoir un point de vue identique à celui des guetteurs d’antan. Profitez de l’une des plus belles vues de la Vallée de la Dordogne. 

   

La visite ne faisant pas une boucle, vous allez rebrousser chemin pour revenir à la billetterie. Profitez-en pour faire un tour à la boutique, qui est garnie de jolis objets originaux, ayant attrait à la nature et faisant écho à l’ambiance Moyen-Âge du site (des livres, jeux pour enfants, objets). Vous en savez à présent plus sur l’un des lieux les plus emblématiques de la Roque Gageac, poursuivez votre journée par une promenade dans ce joli village à flanc de falaise, ou par une belle balade en gabarre : vous verrez ainsi le Fort depuis les eaux !

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