Le Château de Lacypierre, une demeure familiale, une visite d’émotion !

Si la Dordogne est le pays des 1001 châteaux, il y en a certains qui nous touchent plus que d’autres. Le Château de Lacypierre à Saint-Crépin et Carlucet, est probablement l’un des plus petits châteauxàvisiter en Périgord. C’est une demeure familiale, le projet d’une vie et une très belle histoire d’amour. Elle est racontée avec passion et émotion par Isabelle et Florence, les deux filles d’Annick et Serges Lebon-Hénault, qui ont rénové et retrouvé l’Histoire de ces murs, après des années d’ardent travail. Venez avec nous pour une découverte, qui vous donnera envie d’aller faire une visite et d’en savoir plus sur l’émouvant Château de Lacypierre.

Photos et vidéo © Guide du Périgord

Un projet en famille, un rêve à accomplir

 En 1967, Serges et Annick habitent en région parisienne. Madame enseigne l’Histoire et Monsieur est architecte, professeur à la prestigieuse école Boule. Si la vie parisienne nourrit l’appétit de connaissances et la soif de transmission du savoir d’Annick et Serges, il leur manque pourtant un projet à la hauteur de leurs rêves. C’est en Dordogne, au pays des châteaux, du patrimoine et de l’Histoire, qu’ils entament une  nouvelle vie. Ils arpentent le département mais ne trouvent rien, jusqu’à ce qu’un agent immobilier leur montre un bien « qui ne vaut rien ». Ils visitent leChâteau de Lacypierre, en piteux état : un peu glauque, noir et enfumé selon Isabelle leur fille, qui me fait maintenant visiter avec émotion sa maison de famille.

C’est le coup de foudre, de celui qui se passe de mots et de concertation. En 1968, ils signent et deviennent les nouveaux acquéreurs de ce château qui ne demande qu’à renaître de mains habiles. Mais "quand on tombe amoureux, on ne voit pas les défauts", disait Annick à ses visiteurs du haut de ses 80 ans ! Commence alors la rénovation, orchestrée par le talentueux Serges, c’est surtout à leur pugnacité que les époux doivent le succès de cette entreprise, qui ne sera pas de tout repos !

A chaque vacance, à chaque weekend de libre, toute la famille saute dans la R16, roulant de nuit pour gagner du temps. Ils observent, imaginent, font des estimations budgétaires, et font surtout la plupart des travaux eux-mêmes ! Pour les deux petites filles Florence et Isabelle, c’est à chaque fois un ravissement, de voir surgir le château isolé dans son vallon. Il a des proportions humaines, il n’y a qu’un niveau habitable ( soit 4 pièces en enfilade), des combles, des caves et  une pièce cachée dans la tour. Il est d’allure typiquement Périgordine avec sa lumineuse pierre dorée, son imposante toiture de lauze, sa solide charpente en châtaignier bien pentue (pour soutenir la lauze, ces pierres plates que l’on utilisait enchevêtrées). Tout autour, c’est la nature. Les chênes verts, les noisetiers, les champs, les coteaux … Un beau terrain de jeux pour les filles, quand elles n’aident pas leurs parents. Dans les familles de bâtisseurs, tout le monde met la main à la pâte !

Le petit château dans son vallon, un écrin de verdure !

Une rénovation ambitieuse que rien n’arrêtera

 C’est un fait, la tour penche ! Quelques 23 centimètres de faux aplomb … Semblable à la tour de Pise, elle est attirée vers le sol et il faut à tout prix faire quelque chose pour ne pas qu’elle s’effondre. Les terrains en Périgord sont argilo-calcaires et dans ce vallon où coule un ruisseau qui alimente une jolie fontaine, la terre se gonfle et se rétracte, fragilisant les bâtiments. Cette eau si précieuse s’infiltre aussi là où elle n’est pas désirée ! Pénétrant à travers les murs arrières. Certains auraient baissé les bras ? Pas Serges et Annick ! Ils imaginent des contreforts (peu esthétiques …) et face à ce château classé depuis 1946, ils optent plutôt pour un chaînage en béton afin de ceinturer la tour, par en-dessous, comme si elle était prise dans des bras bienveillants. C’est un travail titanesque réalisé par Serges, le maçon Clément Savaroche Hubert de Saint-Amand-de-Coly ! Chaque marche de l’escalier à vis intérieur, est brochée et les fissures colmatées pour consolider l’escalier. Des drains sont creusés pour évacuer l’humidité et les eaux de ruissèlement.

En 1970, Annick décide que s’en est trop de faire les allers-retours, c’est décidé, ils vont définitivement habiter à Lacypierre !! Les filles ouvrent les yeux un matin et savent qu’elles ne vont plus repartir. Des zones de confort sont alors aménagées au fil des années dans le château (salle de bain, buanderie, cuisine …), sans nuire à l’esthétisme : "Une belle restauration, ça ne se voit pas !"

La fameuse tour qui penche (à gauche) et (à droite) des photos anciennes de réfection de la toiture

  

L’intérieur du château

La visite se fait aussi à l’intérieur du Château de Lacypierre. Il n’y a qu’un étage à gravir et un second pour accéder aux combles, sur un escalier praticable mais un peu étroit. En y allant doucement, c’est confortable ! Vous visiterez d’abord les combles, où la guide vous parlera de la superbe charpente en châtaignier (un bois réputé imputrescible, très utilisé en Périgord, parfois blanchi par de longues années immergé dans nos rivières et l’on dit qu’il éloigne les araignées !). Admirez les lauzes qui s’enchevêtrent avec savoir-faire, entre les liteaux. Petit aperçu de la pièce cachée … La pièce du Trésor dans sa tour en pierre, où les livres terriers étaient précieusement gardés …

  

On continue par la cuisine, avec son superbe sol en pisé (des morceaux de pierres plantés dans un mélange de chaux et d’argile), entièrement refait avec les mêmes motifs ! Admirez les poutres, la superbe peinture bleue et les dessins sur les poutres et sur le petit placard à l’entrée. Vous serez émerveillés par la cuisine moderne et fonctionnelle, astucieusement dissimulée dans un lit-clos. Il y a aussi un ancien évier, où l’on cuisinait autrefois la nourriture familiale. Dans une vitrine, une magnifique collection de faïences du XVIIIe siècle.

  

  

  

Dans le salon, la pièce de vie, c’est un vrai musée. Chaque objet a une histoire et une âme, chaque meuble, élément de décoration a été chiné avec soin et amour, installé sur-mesure ou ajusté. Florence et Isabelle vous raconteront les détails de ces aventures, ces témoignages du passé … On poursuit dans une première chambre rose avec un lit à baldaquin, puis une enfilade où se trouve un petit cabinet de toilette, puis on arrive dans le petit salon XVIIIème avec  un étonnant et superbe plancher Versailles. Celui-ci a été récupéré par Serges, dans l'un de ses chantiers dans le Marais (à Paris), puis reposé dans cette pièce, sur-mesure …

Le grand salon et l’évocation émouvante de la famille Bénié de Lacypierre à travers quelques objets leur ayant appartenu

  

On arrive ensuite à l’extérieur, de l’autre côté du château, dans une partie aménagée avec goût par la famille, pour profiter de l’extérieur frais, côté coteaux. Vous avez ici un magnifique point de vue sur la toiture de lauze et ses houteaux (lucarnes), qui descend jusque sous vos yeux, admirez-là une fois de plus. La fin de la visite se fait sur les hauteurs du château, près de la fontaine XVIIème, vous avez là un très beau panorama d’ensemble.

Château de Lacypierre, côté coteau

Mais qui est Guillaume Benié de Lacypierre ?

Le Château de Lacypierre, je vous l’ai dit, c’est une histoire d’amour … celle de la famille Lebon-Hénault pour la bâtisse Périgordine, mais aussi pour son ancien propriétaire éponyme, Guillaume Benié de Lacypierre. Annick Lebon-Hénault, professeures d’Histoire, n’a eu de cesse de chercher, chercher, chercher des liens, des informations, des objets appartenant à cet illustre et mystérieux garde du corps de Louis XV et de Louis XVI. Elle a compilé dans un remarquable ouvrage, son travail minutieux et insatiable, ses découvertes et conclusions. Il serait bien indélicat de vous en raconter plus, je laisse le soin à Isabelle et Florence de vous faire l’émouvant récit de cette passion, cette quête de toute une vie …

Visiter le Château de Lacypierre, c’est ouvrir son cœur, ses oreilles et ses yeux à une belle Histoire, l’aventure (pas toujours facile) d’une famille, l’amour pour le patrimoine et pour le passé, tout en restant dans le présent. Quelle chance d’avoir un tel témoignage à entendre et visiter ! N’hésitez plus, rendez-vous au Château de Lacypierre !

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